Une étude allemande suggère que la réalité virtuelle a une influence sur la perception de la réalité. Il n'y a toutefois pas lieu de s'inquiéter pour l'instant.
Suite à la multiplication des témoignages d'utilisateurs de VR faisant état d'un décalage de la réalité, un groupe de chercheurs allemands a décidé d'étudier ce phénomène à l'aide de méthodes scientifiques. Il s'agit d'expériences vécues par des joueurs qui retirent leurs lunettes et qui, pendant un court laps de temps, ont l'impression d'être toujours dans un environnement virtuel.
Dans le jargon de la psychologie et de la psychiatrie, on parle de dépersonnalisation (DP) et de déréalisation (DR). La déréalisation signifie que l'environnement nous semble étranger et irréel, tandis que dans le cas de la dépersonnalisation, ce sentiment se rapporte à notre propre personne. Il s'agit de deux phénomènes différents, mais qui sont étroitement liés.
Carina Peckmann, Kyra Kannen, Max C. Pensel, Silke Lux, Alexandra Philipsen et Niclas Braun du département de psychiatrie et de psychothérapie de la clinique universitaire de Bonn ont mené une étude pour savoir si la réalité virtuelle pouvait provoquer de tels phénomènes. Les résultats ont été publiés en février dans la revue spécialisée Computers in Human Behavior.
Des volontaires ont joué à Skyrim VR
"Comme la RV est une technologie qui peut fortement influencer l'expérience de la réalité, du moins pendant la consommation de RV, nous nous sommes demandé si la réalité virtuelle influençait également l'expérience de la réalité par rapport au 'monde réel' après la consommation de RV", explique le directeur de l'étude Niclas Braun au blog de psychologie PsyPost.
Pour leur étude longitudinale randomisée et contrôlée, les chercheurs ont sélectionné 80 participants sans troubles psychiatriques ou neurologiques. Quarante d'entre eux ont joué à la version 2D originale du jeu de rôle Skyrim sur un écran, tandis que 40 autres ont joué au portage VR plus immersif avec des lunettes VR.
Un questionnaire standardisé, appelé échelle de dépersonnalisation de Cambridge (CDS), a permis d'évaluer le degré individuel de dépersonnalisation et de déréalisation (niveau DPDR) à quatre moments différents : juste avant la session de jeu, juste après la session de jeu, un jour après la session de jeu et une semaine après la session de jeu.
En plus du questionnaire, une série d'autres tests ont été effectués pour évaluer la réactivité émotionnelle, le degré de motion sickness et la perception de la réalité.
L'équipe de chercheurs lève l'alerte
L'étude a révélé que la consommation en 2D et en RV provoquait temporairement de légers symptômes DPDR, l'utilisation de la RV ayant toutefois un effet significativement plus important à cet égard. Le groupe n'a pu mesurer des décalages à plus long terme dans la perception de la réalité dans aucun des deux cas.
"Notre étude a fourni des preuves supplémentaires de l'apparition de symptômes DPDR par les techniques de RV et est la première étude à démontrer cette constatation avec un groupe de contrôle adéquat", écrit le groupe dans la conclusion de l'étude. "Cependant, les effets DPDR trouvés ne semblent pas être cliniquement pertinents dans leur intensité et, sur la base de nos données, aucune preuve d'un effet DPDR à long terme ne peut être apportée après une consommation unique de RV".
En d'autres termes, l'influence de la RV sur la perception de la réalité ne se produit que peu de temps après l'utilisation de la RV et est si minime qu'elle ne présente aucun risque.
Influence de la RV : de nombreuses questions restent sans réponse
L'étude présente un certain nombre de limites qui nécessitent des recherches supplémentaires. Le groupe souligne que les sessions de jeu n'ont duré que 30 minutes chacune et qu'un seul jeu a été testé.
Que se passe-t-il si quelqu'un joue deux, quatre ou huit heures d'affilée dans la VR et ce, tous les jours pendant une période prolongée ? Et quel est l'impact d'autres jeux VR plus réalistes sur la perception de la réalité ?
De plus, le groupe n'a étudié que des sujets de test en bonne santé. On ne sait pas quels sont les effets de la RV sur les personnes souffrant de troubles psychiques ou de psychoses. De nombreuses questions restent donc sans réponse.
L'étude intitulée La réalité virtuelle induit des symptômes de dépersonnalisation et de déréalisation : un essai contrôlé randomisé longitudinal sur Internet.
Source : Mixed