Blinde sehen können

Les aveugles doivent pouvoir mieux voir

Le projet "I See" ressemble à de la science-fiction : des chercheurs de Brême travaillent sur la possibilité pour les aveugles d'obtenir des impressions visuelles. Cela devrait devenir une réalité grâce à l'intelligence artificielle et aux implants cérébraux ; la réalité virtuelle joue également un rôle dans la collecte de données de ce projet extrêmement passionnant.

En fait, il ne s'agit pas de permettre aux aveugles de voir à nouveau comme les personnes à la vue normale. Les physiciens David Rotermund et Udo Ernst de l'université de Brême travaillent plutôt à permettre aux aveugles d'avoir des impressions visuelles, comme par exemple de percevoir des contours. Les aveugles doivent ainsi pouvoir s'orienter dans des espaces nouveaux et inconnus : par exemple, percevoir une porte ou une tasse et pouvoir la saisir. Pour cela, les chefs de projet Rotermund et Ernst de Brême ont lancé le projet "I See" en collaboration avec des chercheurs de Bochum, de Lausanne en Suisse et de Montréal au Canada.

Une caméra dans le cerveau

Pour que le tout fonctionne, l'être humain doit désormais filmer son environnement à l'aide d'une caméra. Il prend par exemple une photo d'une porte. La caméra envoie immédiatement les images à un ordinateur qui a déjà appris à traduire ces images dans le langage du cerveau, c'est-à-dire en impulsions électriques avec un certain modèle. Ces impulsions sont transmises au cerveau via une interface cerveau-ordinateur. Elles y stimulent alors précisément les endroits ou plutôt les cellules nerveuses qui représentent normalement des courbes et des lignes. L'homme ne voit alors pas une porte au sens propre du terme - les yeux ne peuvent pas voir - mais il perçoit dans son cerveau des lignes qui forment un cadre de porte.

Les scientifiques de Brême placent l'interface directement sur le cerveau. Plus précisément, les électrodes sont placées à des points très précis du cortex visuel. "Toutes les informations provenant de l'œil arrivent dans le cortex visuel lorsque l'œil fonctionne encore", explique Udo Ernst. "Pour les aveugles chez qui il est endommagé, nous devons nous connecter directement au cortex visuel". Selon David Rotermund, des approches similaires ont déjà été utilisées pour permettre aux aveugles d'avoir des impressions visuelles primitives.

La RV comme élément de collecte de données

Mais l'équipe souhaite maintenant aller un peu plus loin et, pour faire simple, transformer des points en lignes et en courbes. Ce qui peut être dit simplement est compliqué et prend une petite éternité. Selon les déclarations des scientifiques de l'université de Brême, il faudra encore dix à quinze ans avant qu'une interface cerveau-ordinateur puisse être mise en service. De nombreuses étapes de recherche sont nécessaires. Au cours des trois prochaines années, il s'agira de vérifier si l'idée peut réellement se concrétiser. Pour cela, de nombreuses données seront collectées.
  • Les chercheurs suisses demandent aux aveugles quels sont les objets qui sont importants pour eux. Est-ce le cadre de la porte, une table ou une tasse ? Pour ce faire, on simule la prothèse visuelle dans un environnement de réalité virtuelle avec des sujets à la vue normale : On leur montre un dessin au trait, puis on vérifie si cela leur suffit pour s'orienter dans la pièce.
  • Des mesures cérébrales sont effectuées sur des sujets dans un appareil d'imagerie par résonance magnétique (IRM) à Lausanne. Les chercheurs découvrent quelles impulsions électriques déclenchent les objets en général. Quel est le schéma d'impulsions dans le cerveau pour une table, comme pour un cadre de porte ?
  • "Nous avons également besoin d'expériences sur les animaux", expliquent les scientifiques. À Bochum, on étudie sur des souris comment l'implant peut introduire le plus d'informations possible dans le cerveau avec des intensités de courant aussi faibles que possible. Sur cette base et en complément, des électrodes seront implantées à Montréal sur deux singes et des impulsions électriques seront déclenchées. Les singes doivent ensuite indiquer s'ils perçoivent par exemple des lignes ou des courbes.

Après les premiers succès, de nombreuses autres étapes seront nécessaires avant d'aboutir à un produit qui puisse réellement être utilisé. Des ingénieurs électriciens travaillent à ce que la prothèse soit robuste et durable et qu'elle ne soit pas détruite dans l'eau salée du cerveau. Selon les chercheurs de Brême, le transfert de la technologie de l'expérimentation animale à l'homme est particulièrement coûteux. Les tests de sécurité sur l'implant dureraient alors encore jusqu'à dix ans.

Source : butenunbinnen

 

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